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I  remember, as a child, fumbling in the complete darkness of my bedroom. The clock having just struck my morning anxieties, and myself heading toward the window to summon the day into the room. Rolling up the night around the slats of the blind, the picture of the wakening day gradually unfolding before me. I usually paid little attention to it. A glimpse that made me feel both reassured that the world was still out there, and worried my school was too.

Some mornings had a different feel though. As soon as a glimmer of daylight crept into the dark, I already knew at its particular brightness that the day would hold different promises. It had snowed and perhaps it might keep snowing!

When I reminisce over the snow days of my childhood, I cannot single out or describe this or that particular day with its own distinct facts. Yet alive in me are a set of moments spreading from this time, grouped in my mind by a similar naïve joy, etched with such emotion that my memory has decided to gather them into one souvenir.

And I can see myself, pulling a chair by the window and watching the snow come down slowly over the wet plain, settling silently in the hollows, on the roofs, seizing the roads and the alleys, covering the ugliness brought on by the day. Then, having made everything even, everything level, it is forced to accept it must fall on itself. At this point, one’s attention is no longer drawn to anything and ceases to recognize. And now one can only see one’s own images projected on the white screen offered by the winter.

Or, I was outside. Snow had stopped  and I was trying to identify parts of the scenery, my playground, my bicycle under a bump. And it was like attempting to read a book in a foreign language, familiar enough to follow the story line, yet not the details.

To this day, I prefer winter to any other season. Not only the snow, but the cold that enlivens or numbs. The fury of the wind when it blows the leaves off and gives them back to the earth, which later chews them and gobbles them up. I enjoy this harshness and this severity. People meet and get to the essential, because it is too cold to linger and tell more.

I enjoy the monotonous landscape. The nature when it depletes, gathers itself, and mourns. The ground that is brown then grey then white then dirty. The flight of the birds that is shorter and heavier. The way they suddenly flock into bands, ruffle the trees and the electrical cables. The ones that decide to remain lonely.

I enjoy watching the night as it awakens the day with the city lights turning on one by one like fireflies on a summer night. The shadows are longer, more present in the home. Our lives languish, it is a slower time, allowing us to look backward. As when walking in the snow, we have to stop and turn around in order to see our own tracks.

And last, I enjoy winter when it shies away, out of breath, and suddenly gives way to perpetual renewal, to the sweet illusion we call Spring.

Anne Closuit Eisenhart is @lesfifoles on Instagram

 

Ode à l’Hiver – Par Anne Closuit Eisenhart

Je me revois, enfant, avancer à tâtons dans le noir de ma chambre. Le réveil venait de sonner mes angoisses matinales et je me dirigeais vers la fenêtre pour convoquer l’aube dans la pièce. Tandis que j’enroulais la nuit autour des lamelles de mon store, se déroulait à mesure devant moi le tableau du jour qui s’éveillait. Je n’y prêtais d’habitude aucune attention particulière. Tout juste un regard qui me rassurait car le monde était toujours là, et qui m’inquiétait car mon école aussi.

Certains matins, il en allait différemment. A peine un rai de jour se glissait-il dans l’obscurité que je savais déjà, à l’éclat spécifique de la lumière, que la journée tiendrait d’autres promesses. Il avait neigé et peut-être neigeait-il encore…

Quand je me remémore les jours de neige de mon enfance, je ne peux bien sûr pas décrire telle ou telle journée précise avec ses faits bien à elle. Mais continue de vivre pourtant en moi un ensemble de moments s’étalant dans ce temps, regroupés dans mon esprit par une même joie naïve, inscrits avec suffisamment d’émotion pour que ma mémoire décidât de les réunir en un souvenir. 

Et je peux me voir, tirer la chaise près de la fenêtre et regarder la neige descendre lentement sur la plaine humide, s’installer, silencieuse, dans les creux, sur les toits, s’emparer des routes et des chemins, recouvrir la laideur amenée par le jour. Puis, quand elle a rendu tout égal, quand elle a tout nivelé, se résoudre à tomber sur elle-même. Alors le regard n’est plus arrêté par rien et cesse de reconnaître. Et l’on ne fait plus que voir ses propres images intérieures se projeter sur l’écran blanc que nous offre l’hiver.

Ou encore,  j’étais dehors, il avait cessé de neiger et j’essayais d’identifier le paysage, mon terrain de jeux, mon vélo sous une bosse. Et c’était comme tenter de lire un texte dans une langue étrangère suffisamment familière pour qu’on en comprenne la trame pas assez cependant pour qu’on en saisisse tous les détails.

Aujourd’hui encore, je préfère l’hiver à n’importe quelle autre saison. Pas seulement la neige, mais aussi le froid qui vivifie ou engourdit, la fureur du vent qui arrache les feuilles des arbres et les rend à la terre qui les mâche puis les engloutit. J’aime cette rudesse, cette âpreté.  Les gens se croisent et se disent l’essentiel car il fait trop froid pour en rajouter.

J’aime le paysage monotone. La nature qui se dépouille et se recueille. La terre brune puis grise puis blanche puis sale. Le vol des oiseaux qui est plus lourd et plus court. Cette façon qu ‘ils ont soudainement de se mettre en bandes, d’hérisser les arbres, les fils électriques. Ceux qui décident de rester solitaires.

J’aime guetter la nuit quand elle réveille le jour, et regarder les lumières de la ville s’allumer une à une comme des lucioles un soir d’été. Les ombres sont plus longues, plus présentes dans la maison. Nos vies se traînent, c’est un temps plus lent, fait pour regarder en arrière.C’est comme quand l’on marche dans la neige, il faut s’arrêter et se retourner pour voir ses pas. 

J’aime enfin l’hiver quand il se dérobe et, à bout de souffle, cède la place à l’éternel recommencement, à la douce illusion qu’est le printemps.

Anne Closuit Eisenhart est @lesfifoles sur Instagram

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